La pratique délibérée : apprendre vite et mieux
Qu’ont en commun Michael Jordan, Léonard De Vinci et Mozart ? Ils ont poussé l’expertise dans leur domaine au plus haut niveau grâce à une méthode : la pratique délibérée.
La pratique délibérée est une méthode incroyable pour quiconque souhaite progresser, que ce soit dans un sport, en musique ou dans toute autre activité physique ou intellectuelle.
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle « il suffit de pratiquer des heures », la pratique délibérée insiste sur l’intention. Vous ne vous contentez pas de faire et refaire, mais vous ciblez précisément chaque étape. Et vous cherchez consciemment à vous améliorer à chaque fois.
Dans cet article, je vous montre ce qui se cache derrière ce concept, les principaux avantages qu’on en retire, et surtout les étapes concrètes pour la mettre en place.
La pratique délibérée : Qu’est ce que c’est ?
La pratique délibérée est une méthode d’apprentissage qui permet d’optimiser la façon dont vous apprenez.
Elle consiste à décomposer les éléments de la pratique et à travailler spécifiquement et rigoureusement sur chacun de ses éléments.
La pratique délibérée peut presque se résumer en un seul mot : l’intention.
Eviter les distractions
Trop souvent, on n’est qu’à moitié présent quand on effectue une tâche.
On regarde une vidéo youtube en même temps, on parle à quelqu’un dans la même pièce, ou on pense à 1000 autres choses différentes qui n’ont aucun rapport avec la tâche actuelle (Qu’est-ce que je vais manger ce soir ? Est ce qu’il faut que je fasse une machine de linge ? Il faut que j’appelle ma mère depuis 2 jours…)
Notre cerveau est exceptionnel mais il lui est impossible de faire plusieurs choses à la fois correctement. Chaque alternance de tache nous prend de l’energie et redemande un temps important pour se reconcentrer sur le sujet.
Faire deux choses à la fois, c’est n’en faire aucune.
En pratique délibérée, on va se concentrer à 100% sur la tâche qu’on aura défini.
Pratiquer n’implique pas forcément progresser
Vous connaissez sûrement la règle des 10 000 heures popularisée par le docteur Ericsson.
Il s’agirait du nombre d’heures nécessaires durant lesquelles une personne doit s’exercer afin de maîtriser une discipline quelconque.
Malheureusement ce n’est pas aussi simple. Ce n’est pas parce que vous faites quelque chose depuis très longtemps que vous êtes bon dedans.
Par exemple, vous avez sûrement des centaines d’heures de conduite à votre actif, et pourtant vous n’êtes pas forcément pilote de course.
Vous avez parlé pendant des milliers d’heures avec votre famille, vos amis et vos collègues, et pour autant vous n’êtes a priori pas un expert dans l’art oratoire.
Ça s’explique très simplement. Vous n’avez pas mené ces activités avec l’intention de progresser et de devenir meilleur (pas au-delà d’un certain niveau en tout cas). Vous n’avez pas mis les efforts nécessaires pour vous pousser et dépasser votre niveau de compétences.
Et c’est tout à fait normal, vous n’avez pas envie ni besoin d’être un expert dans tous les domaines.
Mais en revanche, si vous voulez devenir vraiment bon dans un sujet bien précis, il va falloir aller plus loin. Dans cette optique, la pratique délibérée peut devenir votre meilleure alliée.
Pour devenir l’artiste qu’il a été, Léonard de Vinci passait ses soirées dans les morgues à comprendre le corps humain, ses organes et les liens entre chaque muscle, tendon, os…
Mon exemple perso avec les échecs
Pendant un temps, j’ai joué des centaines de parties d’échecs en ligne dans un format rapide qui permet peu de réflexion.
Je lançais partie sur partie, sans réfléchir ni analyser mes parties et coups passés.
A côté, je regardais quantité de vidéos youtube sur des aspects théoriques, sans être vraiment concentré, et surtout, sans jamais les mettre réellement en pratique.
Résultat : aucune progression, voire une régression de mon niveau et de mon ELO.
Je vous laisse imaginer ma frustration après quelques mois.
C’est la pratique délibérée qui m’a remis en selle.
J’ai commencé à jouer des parties plus longues, qui me permettaient de me poser et de réfléchir. Je pouvais analyser la position des pièces sur l’échiquier, les différents coups possibles, les plans que l’adversaire essayait de mettre en place.
Après chaque partie, je prenais le temps, réellement, de revenir en détails sur ce qu’il s’était passé, quelles erreurs j’avais commise et si un schéma se dessinait.
Ce rythme moins intense en volume, mais plus qualitatif, m’a permis de me focaliser sur mes faiblesses et de vraiment progresser.
Les avantages de la pratique délibérée
Gagner du temps
La pratique délibérée va vous permettre de gagner des dizaines d’heures que vous auriez consacrées à une pratique « passive » sans objectif ni concentration.
Elle demande plus d’efforts au démarrage mais les résultats sur le moyen / long terme sont bien supérieurs.
Pour reprendre mon exemple aux échecs, 1 mois de pratique délibérée m’a permis de gagner plus de points ELO que 3-4 mois à simplement jouer en enchainant les parties.
Identifier les lacunes
On revient sur notre idée d’intention.
La pratique délibérée vous force à vous poser, et réfléchir sur votre objectif et vos actions.
Cette introspection va mettre en lumière vos axes de progression, que vous pourrez travailler bien plus efficacement.
Un apprentissage plus polyvalent
La pratique délibérée est une « meta-compétence » qui peut vous servir toute votre vie et dans plein de sujets différents.
Elle vous apprend à mieux analyser les étapes importantes pour devenir meilleur dans un domaine et à mieux vous évaluer par rapport à ces actions.
Elle permet un véritable apprentissage en réunissant connaissance théorique et mise en pratique réelle.
Maintenant que vous êtes convaincu des bienfaits de la pratique délibérée, voyons comment la mettre en place.
Comment mettre en place une pratique délibérée ?
1 Choisissez votre objectif
Comme dirait Simon Sinek : Start with why !
La pratique délibérée va demander de la patience et de la persévérance. Soyez sur de choisir un sujet qui vous passionne et dans lequel vous voulez vraiment progresser.
La pratique délibérée peut amener à regresser un peu avant de voir de véritable progrès.
Il vous faudra une motivation interne forte pour compenser le potentiel manque de résultats des débuts.
Vous pouvez aussi utiliser la méthode SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini) pour vous aider à fixer un objectif clair et garder le cap.
2 Décomposez et planifiez
Une fois votre objectif en tête, décomposez la compétence en plusieurs sous-parties.
Vous voulez devenir meilleur orateur, décomposez les éléments principaux d’un discours : intonation, posture, choix des mots, storytelling…
Vous voulez devenir meilleur au piano, décomposez : les gammes, les arpèges, la lecture de partition, suivre un rythme..
Vous voulez devenir meilleur coureur, décomposez pour la distance de votre choix : la foulée, la respiration, la VO2 max, la posture…
Je pense que vous avez compris l’idée.
Et comme vous pouvez le voir, ça s’applique partout. Vous pouvez toujours structurer une compétence en plusieurs sous domaines.
3 Ciblez et entrainez vous intentionnellement
Quand vous avez votre vue d’ensemble, il ne vous reste plus qu’à planifier vos séances et à travailler chacun de ces aspects spécifiquement.
A chaque fois, notez clairement ce sur quoi vous allez travailler et quel est le résultat que vous souhaitez atteindre.
Déconnectez tout : pas de portable, pas d’écran, pas de notification.
Faites le maximum pour être à 100% dans votre session.
Prenez conscience des mouvements ou réflexions (suivant le domaine que vous pratiquez) que vous faites et que vous devez faire.
4 Ayez un feedback constant
Dernière étape pour progresser, le feedback.
Impossible d’avancer si vous ne savez pas ce que vous faites bien et ce qui ne va pas.
Sans feedback, vous prenez le risque de consolider des erreurs et de stagner.
La situation idéale, c’est d’avoir un coach ou un partenaire qui vous suit et peut vous donner son avis extérieur et ses conseils (s’il a le niveau suffisant).
Mais je sais que ce n’est pas possible pour tout le monde et sur tous les sujets.
Heureusement, vous pouvez vous aussi vous auto évaluer, analyser vos performances et vous rendre compte des points sur lesquels vous devez encore travailler.
Et enfin petit hack quand c’est possible, enregistrez-vous ou prenez-vous en vidéo.
Vous aurez une mine d’or d’informations sur ce que vous faites bien ou mal et vous pourrez agir en conséquence.
Conclusion
La pratique délibérée n’est pas une méthode miracle, mais elle est indispensable pour passer au niveau supérieur dans n’importe quelle discipline.
Elle vous invite à travailler chaque geste ou chaque idée avec une intention précise et une attention totale.
En ciblant vos faiblesses et en recherchant constamment des retours, vous accélérez votre progression et renforcez vos acquis.
Que ce soit pour améliorer votre niveau aux échecs, au tennis ou en prise de parole, cette méthode transforme chaque séance en un réel investissement pour l’avenir.