6 biais cognitifs qui faussent votre jugement au quotidien

Psychologie

Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvé à acheter un produit à -50% alors que vous n’aviez pas du tout prévu de l’acheter au départ ? Ou après un débat politique, est-ce que vous avez déjà trouvé que votre candidat préféré avait écrasé son adversaire ?
Et bien félicitations, comme 100% de la population vous avez été victime d’un biais cognitif.
Il en existe des dizaines qui peuvent tromper nos perceptions, notre jugement, ou notre logique.
Dans cette série, on va découvrir 6 biais cognitifs majeurs, comprendre comment ils fonctionnent et voir comment s’en prémunir le plus possible.

Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?

Un biais cognitif est une déviation du traitement cognitif d’une information.
Ou pour dire plus simplement, une déviation de la pensée logique et rationnelle.
Et cette déviation nous conduit à faire des erreurs dans notre raisonnement ou notre prise de décision.

Est-ce que tous les biais cognitifs sont mauvais ?

Les biais découlent souvent de raccourcis que prend notre cerveau pour gagner du temps ou de l’énergie.
Attention, ces raccourcis sont primordiaux pour notre santé mentale. Imaginez devoir traiter consciemment les millions de stimuli qui parviennent à notre cerveau chaque minute et devoir prendre une décision réfléchie en réponse à chacun d’eux.
C’est littéralement impossible, votre cerveau exploserait.

Sans compter que ces raccourcis font partie de notre histoire évolutive. Ils ont été d’une grande aide dans notre survie, nous rendant plus vifs et performants.
Pour nos ancêtres, pouvoir choisir en quelques millisecondes entre la fuite ou le combat avec très peu d’informations ou éviter l’empoisonnement auprès de plantes inconnues a grandement participé à augmenter leurs chances de survie.

Aujourd’hui, ils se révèlent bien moins adaptés à notre environnement moderne et artificiel qui a évolué des milliers de fois plus vite que notre cerveau.
Il y a donc tout un tas de situations dans lesquelles ces biais peuvent nous tromper. Et certaines industries n’hésitent pas à les utiliser pour arriver à leurs fins (pub et reseaux sociaux).

Prendre conscience de ces biais et des contextes dans lesquels ils apparaissent est la première étape pour éviter de prendre de mauvaises décisions ou de se faire manipuler.

6 biais cognitifs majeurs

Le biais de confirmation

C’est notre tendance naturelle à se faire très vite une opinion, puis à chercher tous les éléments qui la valident et à discréditer ceux qui vont à son encontre.
On se dirige naturellement vers les sources et informations en accord avec ce qu’on pense déjà. C’est un mécanisme mental puissant : il nous évite de réviser trop souvent nos convictions et de naviguer dans une incertitude permanente. Malheureusement, il peut aussi nous enfermer dans une bulle cognitive où seules les idées en phase avec les nôtres ont existent.

L’un des exemples les plus communs est notre tendance à lire des informations en accord avec notre propre conception du monde. On lit les journaux de son orientation politique. On suit des personnes sur les réseaux sociaux qui partagent notre vision de la société.

Pour limiter cet effet, le meilleur moyen est de se confronter à des sources d’information variées, voire de s’exposer délibérément aux arguments contraires.
C’est un exercice inconfortable, mais qui permet de garder un esprit ouvert et de pouvoir se remettre en question.

Le biais d’aversion à la perte

L’aversion à la perte est notre tendance à ressentir plus fortement la douleur d’une perte que le plaisir d’un gain équivalent.
On parle souvent d’un facteur 2 entre perte et gain.
Perdre 50€ nous fait souffrir deux fois plus que gagner 50€ ne nous réjouit.
Cette asymétrie émotionnelle influence bon nombre de nos choix : on prend souvent des décisions pour éviter une potentielle perte plutôt que pour maximiser un gain.

C’est tout le principe des assurances.
Notre peur de perdre nos affaires et toute la perte économique associée nous pousse à
payer des assurances à des prix exorbitants. Souvent pour des risques minimes, ou que nous pourrions couvrir à moindre frais.
L’aversion à la perte nous amène à surévaluer certains dangers et à consacrer trop de moyens pour nous en protéger.

Pour lutter contre ce biais, une astuce consiste à replacer la situation dans une perspective plus large : Qu’est-ce que je risque réellement ? Est-ce que perdre 50€ (ou rester avec un fournisseur coûteux) est réellement plus pénalisant que l’opportunité d’économiser X€ chaque mois ?

Le biais des coûts irrécupérables

Le biais des coûts irrécupérables consiste à persister dans un projet simplement parce qu’on y a déjà investi du temps, de l’argent ou de l’énergie. On ne veut pas « gaspiller » ce qui a déjà été engagé, quitte à poursuivre une voie qui n’est plus rentable ou sensée.

L’exemple du Concorde illustre parfaitement le biais des coûts irrécupérables. Dans les années 1960 et 1970, la France et le Royaume-Uni misent des sommes colossales sur cet avion supersonique, espérant révolutionner l’aviation. Malgré les dépassements de budget et la rentabilité douteuse (prix élevé, consommation de carburant énorme, bruit supersonique), ils refusent d’« abandonner » leurs investissements. Ils maintiennent le programme pendant des décennies, alors même qu’il se révèle finalement déficitaire.

Pour éviter ce piège, il faut se rappeler qu’un coût déjà investi est, par définition, déjà perdu. Les décisions futures doivent se baser sur la valeur à venir, plutôt que sur ce qui a été dépensé par le passé.
Imaginez que vous ayez investi 2000€ en bourse et que, malheureusement, l’action sur laquelle vous avez investi ne vaut maintenant plus que 1000€.
La bonne façon de penser n’est pas de se dire :  » Bon j’ai déjà perdu 1000€, autant attendre de voir si ça remonte » (et regretter 3 mois plus tard quand elle en vaudra 500).
Mais plutôt :  » Si j’avais 1000€ à investir aujourd’hui, est-ce que ce serait dans cette action ? « 
Si la réponse est non, il est temps de couper court et de réorienter votre argent vers un choix plus profitable.

L’effet de Halo

L’effet de halo est la tendance à juger une personne (ou un produit ou une marque) sur la base d’une seule de ses caractéristiques, et à laisser ce jugement se généraliser à l’ensemble. Par exemple, si quelqu’un est très charismatique et sympathique au premier abord, on aura tendance à penser qu’il est compétent dans tout ce qu’il fait, même si on n’a aucune preuve de sa compétence réelle dans des domaines précis.

La taille et la beauté sont deux puissants facteurs qui boostent l’aura d’une personne sans aucun autre fondement.
Par exemple, les hommes de grande taille sont en général mieux payés dans leur entreprise que leurs homologues plus petits, ou accèdent à de meilleures promotions.
(Attention ce n’est pas le seul critère et il est loin d’être le plus prédominant, mais son effet reste tangible.)
On peut le voir aussi avec les acteurs ou chanteurs. Admirés par le public pour leur beauté ou leur prestation, tout le monde les pense merveilleux. Et certains se révèlent être des personnes abjectes dans leur vie privée.

Pour ne pas tomber dans l’effet de halo, il est utile de séparer clairement les différentes dimensions du sujet évalué. Si l’on juge un candidat, on peut se munir d’une grille d’évaluation (connaissances techniques, esprit d’équipe, motivation, etc.) plutôt que de s’en tenir à une impression générale. De même, lors d’un achat, prendre le temps de lire des avis ou de vérifier les spécifications techniques permet de contrer l’aura positive (ou négative) que le design ou la réputation peuvent provoquer. L’idée est de fractionner l’évaluation afin de ne pas se laisser aveugler par un unique détail marquant.

L’effet de simple exposition 

Plus on est exposé à un stimulus, plus on a tendance à l’apprécier ou à le juger favorablement, même inconsciemment. La répétition seule peut créer un sentiment de familiarité, et donc de confiance ou de préférence.

Vous avez peut-être déjà remarqué que vous finissez par aimer une chanson que vous n’aimiez pas spécialement au départ, simplement parce qu’elle passe en boucle à la radio. Ou encore, face à deux marques de produits inconnues, vous pourriez choisir celle dont vous avez vu plus souvent le logo ou la pub, sans pour autant vous souvenir de l’avoir réellement consommée. C’est la force de la familiarité : ce qui nous est répété devient étrangement plus « sympathique ».

Si vous hésitez entre deux produits, posez-vous la question : « Est-ce que j’aime vraiment cet objet pour ses caractéristiques, ou juste parce que je l’ai déjà vu X fois ? »
Comprenez bien que le but de la publicité est d’imprimer la marque dans votre esprit en la montrant sous toutes les coutures. Cette prise de conscience permet au moins de tempérer l’élan de sympathie que suscite la simple exposition, et de revenir à des critères plus objectifs (qualité, prix, besoin réel, etc.) pour faire un choix éclairé.

Le biais d’ancrage

Le biais d’ancrage survient lorsqu’une première information que l’on reçoit (un chiffre, un prix, une statistique) influence exagérément nos futures évaluations.
L’ancrage agit comme une référence qui s’incruste dans notre esprit. Et il est difficile de s’en détacher.
On le retrouve dans une multitude de domaines et notamment dans la vente ou la négociation.

Par exemple, si vous voyez une veste affichée à 300€ puis soldée à 200€, vous aurez tendance à la trouver « abordable », voire penser que c’est une bonne affaire. Alors que si vous aviez vu cette même veste au départ à 200€, vous l’auriez sûrement jugée trop chère.

Pour éviter de se faire piéger par l’ancrage, la meilleure stratégie consiste à préparer ses propres estimations avant d’être exposé à un chiffre extérieur. Lorsque vous avez des repères préétablis, vous résistez mieux à la première offre (ou au premier prix) qu’on vous lance, et vous gardez plus de liberté pour évaluer la proposition de manière rationnelle.

Conclusion

Les biais cognitifs sont autant de « raccourcis mentaux » qui nous facilitent la vie, mais peuvent aussi fausser notre jugement. En prendre conscience, c’est déjà faire un grand pas pour mieux comprendre nos réactions. Avec un peu de recul et les bons outils, vous pouvez déjouer ces biais et reprendre les commandes de vos choix.